Il y a tout juste un an, j’étais invitée à intervenir à la journée Femmes et Numérique produite par ENI Ecole Informatique et la French Tech Brest+, en partenariat avec la Région bretagne, la CCI métropolitaine Bretagne Ouest et la Ville de Quimper.

L’intervention avait pour objet le syndrome de l’imposteur. Or, pour adresser un message de qualité à un auditoire, il faut s’adapter à celui-ci

comme l’explique par exemple le politologue Clément Viktorovitch. Lors de la journée Femmes et numérique, nous nous adressons à des femmes, généralement en reconversion ou qui pensent à une reconversion dans les métiers de l’informatique et du numérique.

Alors pourquoi ne pas féminiser le terme ?

Il s’agissait donc bel et bien d’une intervention sur le syndrome de l’impostrice ! Cela peut sembler anecdotique et d’aucuns aiment à dire qu’il y a plus important comme combat à mener. A ces personnes, je répondrais qu’il n’y a qu’à regarder à quel point les identitaires de tous poils s’écharpent sur la notion d’apprentissage de français et sur notre langue comme socle de notre identité, pour comprendre que la langue est un vrai sujet. Il en va de même actuellement autour du débat sur l’écriture inclusive.

D’ailleurs, juste comme ça en passant : depuis tout à l’heure vous lisez un article rédigé sous forme inclusive et égalitaire : vos yeux saignent-ils ? Si non (et j’ose le prétendre), alors peut-être que l’écriture inclusive N’EST PAS le point médian, comme je l’explique par ailleurs dans cet article.

Nous parlons donc de syndrome de l’impostrice ici.

Suite à cette première intervention, j’ai fait un sondage via mes réseaux sociaux à propos du syndrome de l’imposteur. vous pouvez retrouver les données, l’étude dans les deux articles : Longtemps je me suis couché imposteur  et Et je me suis levée impostrice.

Depuis j’ai poursuivi mes recherches, notamment sur la spécificité de ce syndrome chez les femmes. Et le 7 décembre, nous nous sommes retrouvées sur le même sujet à la 4e journée Femmes et Numérique, avec Tiphaine Gualda (coach accompagnant des personnes en reconversion) et Estelle Adam, directrice des campus bretons de l’ENI Ecole Informatique. Estelle est par ailleurs engagée de façon globale sur les questions d’accès à l’égalité dans les espaces professionnels ainsi qu’au sein de son école. L’ENI se positionne comme fer de lance à ce sujet dans les métiers de l’informatique où seules 9% de femmes sont présentes.

Mais alors, de quoi parle-t-on quand on évoque la syndrome de l’imposteur et de l’impostrice, et les termes qui gravitent autour de cette expression ?

Impostrice - moi aussi

  • Légitimité

Reconnaissance par soi-même et ou par l’extérieur de la pertinence d’une personne sur un sujet, à un poste etc. au plan professionnel, cela repose sur la formation, l’expérience ou le statut mais la légitimité c’est aussi une question dans la sphère personnelle évidemment.

  • Syndrome de l’impostrice

Décrit la première fois en 1978 par deux psychologues, Pauline Clance et Suzanne Imes pour parler des femmes qui généralement réussissent ce qu’elles entreprennent mais subissent un doute très fort quant à leurs facultés, leur légitimité. Et cela peut concerner tous les pans de leur vie.

Je classe les symptômes en plusieurs items : relativisation des réussites, peur de l’échec et de ne pas être à la hauteur, regrets, auto-censure et auto-freinage (s’ajouter des freins), perfectionnisme et forte puissance de travail, difficulté de prendre en compte les compliments, attribuer ses mérites à d’autres, et que l’échec ne soit pas une option.

Auto-censure syndrome de l'impostrice

  • Censure et autocensure

Phénomènes dynamiques qui conduisent à s’empêcher ou à être empêché d’une action, d’une projection, d’un possible. Exemple : l’auto-censure est un symptôme du syndrome de l’impostrice.

  • Rôle modèle

C’est une personne, connue comme inconnue, sur l’image de laquelle nous pouvons nous appuyer pour grandir. Sauf qu’avec moins de 10% de femmes dans les livres d’histoire et moins de 30% de femmes dans les médias, nous en tant que femmes, nous disposons encore de peu de rôle-modèles féminins. D’où l’importance que des femmes du quotidien, comme nous par exemple, se positionnent comme rôle-modèles : nous pouvons toutes accompagner d’autres à grandir, qui elles-mêmes à leur tour nous donnent à réfléchir.

 

Pour ma part, j’ai beaucoup souffert du syndrome de l’impostrice et il m’a fallu du temps, en dépit des expériences, des diplômes et des postes, pour me valider à moi-même mes compétences. Cycliquement, je recommence à me poser des questions. Si douter est constructif et permet de conserver une humilité certaine et une capacité à se remettre en question, le syndrome de l’impostrice va bien plus loin. Il s’agit d’un fonctionnement qui crée de l’auto-censure et nous empêche. Pourtant, si nous-mêmes nous n’osons pas, qui peut oser pour nous ?

 

Se sentir une impostrice, cela peut arriver. Il existe cependant des entrainements, des postures, des réflexions, qui peuvent vous soutenir. Les connaissez-vous ?

On en reparle prochainement sur ce blog ainsi que sur la chaine Youtube d’Egaluce : Le point Luce.